*Le contenu a été éxaminé par Dr. John Sievenpiper (professeur agrégé, Département des sciences de la nutrition, Université de toronto)
L’obésité est une maladie complexe, progressive, chronique et récidivante qui se caractérise par une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui affecte la santé (1).
- L’obésité est une maladie complexe. Il existe de nombreux différents facteurs d’obésité, comme la génétique, les habitudes alimentaires, le degré d’activité physique, la santé intestinale (microflore), les habitudes de sommeil et le stress mental. La quantité de graisse corporelle et sa distribution dans le corps sont des indicateurs plus précis de l’obésité par rapport à la masse corporelle (celle-ci prend aussi en considération les muscles et les fluides corporels).
- Régimes alimentaires et obésité. Les études suggèrent que l’apport excessif de calories provenant de toutes les sources (sucres, féculents, protéines, graisses et alcool) et le fait de ne pas dépenser ces calories au moyen des fonctions corporelles normales, du mouvement et de l’activité physique peuvent augmenter la probabilité d’une accumulation de l’excès de calories sous forme de graisses dans le corps. D’autres aspects, comme notre relation avec la nourriture, l’abordabilité, la culture et les habitudes de consommation jouent également un rôle crucial dans l’obésité.
- Les sucres et l’obésité. Les preuves scientifiques les plus rigoureuses démontrent que l’effet des sucres sur l’obésité ne diffère pas des autres glucides digestibles, comme les féculents, lorsque la quantité totale de calories consommées demeure identique. De manière générale, la masse corporelle se maintient lorsque l’apport calorique quotidien est stable, que les calories proviennent de glucides, de protéines ou de graisses.
- La nutrition dans la gestion de l'obésité Les changements apportés au régime alimentaire à long terme, comme la réduction de la fréquence ou de la taille des portions des aliments et des boissons contenant plus de calories provenant des sucres et des graisses, ainsi que l’augmentation de la consommation d’aliments riches en nutriments, comme les fruits et les légumes, peuvent contribuer à la diminution de l’apport excessif de calories et, tôt ou tard, entraîner une perte de poids. Il importe que ces changements soient personnalisés pour répondre aux valeurs et préférences individuelles.
L'obésité : une maladie complexe
De nombreux facteurs contribuent au risque d’obésité, y compris la biologie (p. ex. la génétique), le régime alimentaire (p. ex. la consommation d’aliments), l’activité physique, la psychologie (p. ex. le stress émotionnel, la dépression), l’environnement de l’activité et les influences de la société (1,5).
L’obésité augmente le risque de développement de plusieurs maladies chroniques, notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires, les troubles musculosquelettiques et certains cancers (1).
L’indice de masse corporelle (IMC) se calcule à l’aide de la taille et du poids d’une personne pour déterminer une valeur numérique (1). Les complications de santé dues à l’excès de graisse corporelle augmentent à mesure de l’augmentation de l’IMC (3). Le risque de troubles de la santé augmente si l’IMC se situe entre 25,0 et 29,9 kg/m2, et le risque est de modéré à grave si l’IMC est supérieur à 30 kg/m2 (4).
Il convient de noter que l’utilisation exclusive de l’IMC pour identifier l’obésité comporte des limites, car la masse corporelle (un facteur déterminant de l’IMC) représente non seulement la graisse corporelle, mais aussi d’autres parties du corps, comme les muscles et les fluides corporels. Il a été démontré que l’excès de graisses autour des organes principaux, comme le foie, le cœur et les reins (les « graisses viscérales ») contribuait directement aux maladies métaboliques, comme les maladies cardiaques, le diabète et le cancer (15). Obésité Canada recommande que le dépistage de l’obésité soit effectué régulièrement en mesurant l’IMC et le tour de taille (1), et que ce dernier aide à identifier l’obésité abdominale, qui reflète une quantité élevée de graisses autour des organes principaux (18-21).
Le rôle du régime alimentaire dans le développement de l'obésité
Le régime alimentaire est un facteur qui pourrait augmenter le risque d’obésité. Une personne pourrait prendre du poids lorsque plus d’énergie (calories) est ingérée à partir de tous les aliments et toutes les boissons par rapport à ce qui est dépensé pour les fonctions corporelles normales (p. ex. respiration, digestion, pompage du sang), les mouvements quotidiens et l’activité physique (4). Les fluctuations de l’équilibre énergétique (apport énergétique plus ou moins important par rapport aux dépenses) lors d’un repas, pendant la journée ou la semaine sont normales et n’entraîneront pas nécessairement un changement persistant de la quantité de graisse corporelle. Cependant, l’augmentation de l’apport énergétique par rapport aux dépenses (p. ex. équilibre énergétique positif) sur une longue période pourrait augmenter la probabilité d’un stockage des calories inutilisées sous forme de graisses dans le corps (6). Les données de Statistique Canada indiquent également qu’une consommation plus élevée de calories (quelles que soient les sources) augmente le risque d’obésité (15). Il important de garder à l’esprit qui ni l’apport excessif de calories, ni les mauvais choix alimentaires, ni les habitudes de consommation ne sont les causes uniques de la prise de poids, vu le nombre de facteurs en jeu.
Les sucres jouent-ils un rôle dans le developpement de l'obésité?
L’ensemble des meilleures preuves scientifiques se penchant sur l’effet des sucres sur l’obésité ont démontré que :
- Lorsque la quantité de sucres dans le régime alimentaire est augmentée ou diminuée (entraînant ainsi une augmentation ou une diminution correspondante de l’apport calorique journalier), on observe un changement correspondant de la masse corporelle. Cependant, lorsque les calories provenant des sucres sont remplacées par d’autres sources de calories (ce qui entraîne le maintien de l’apport calorique total général), on n’observe pas de changement de la masse corporelle (5-7).
- Lorsque des boissons édulcorées sont ajoutées au régime alimentaire, on observe souvent une prise de poids. Lorsqu’on les retire, on observe une perte de poids, ce qui démontre l’impact de l’ajout et du retrait des calories provenant des boissons édulcorées sur la masse corporelle; mais lorsque l’apport calorique est contrôlé, on n’observe aucun changement dans la masse corporelle (7-14).
Les taux d’obésité chez les enfants et les adultes au Canada ont continué d’augmenter (voir figure ci-dessous), selon l'Enquête Canadienne sur les mesures de la santé. Cette enquête mesurait directement la taille et le poids d’un échantillon représentatif national de plus de 30 000 personnes (16). Santé Canada indique que deux adultes sur trois au Canada font de l’embonpoint, ou sont obèses. La proportion d’enfant obèses a plus que triplé au cours des 25 dernières années.
Cependant, les tendances de la consommation de sucres par personne (basées sur la disponibilité du marché ajustée pour les pertes) au Canada comparées aux taux d’obésité indiquent une relation inverse; alors que les taux d’obésité continuent d’augmenter, la consommation de sucres ajoutés a, elle, diminué. Les analyses de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) suggèrent également une réduction de la contribution calorique alimentaire provenant des sucres ajoutés chez les adultes canadiens en 2015 par rapport à l’ESCC de 2004 (17).
Figure: Sucres ajoutés selon les données sur la disponibilité de Statistiques Canada; taux d’obésité déterminés par les indices de masse corporelle de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé.
La nutrition dans la gestion de l'obésité
La nutrition ne se limite pas aux aliments que nous consommons, mais elle comprend également nos relations avec la nourriture, l’abordabilité, la culture et les comportements relatifs à la consommation.
D’un point de vue du régime, discuter avec un médecin ou un diététiste professionnel peut être utile pour déterminer comment apporter des changements en vue d’adopter des habitudes alimentaires plus saines pouvant être maintenues. De plus, il est assez difficile de gérer l’obésité ou de perdre du poids uniquement en « consommant moins de calories », à cause des solides mécanismes biologiques dans le corps qui contrebalancent la perte de poids, ainsi que d’autres facteurs socio-environnementaux. Dormir suffisamment et inclure des activités physiques dans ses routines quotidiennes peuvent également aider à maintenir un poids santé.
Voici des suggestions supplémentaires liées au régime alimentaire :
- Choisir plus souvent des aliments entiers riches en nutriments, notamment les fruits et les légumes, les grains entiers et les viandes maigres et moins souvent d’autres options comme les boissons sucrées et les viandes à haute teneur en graisse.
- Réduire la taille des portions et/ou la fréquence des collations à plus haute teneur en calories, comme les gâteaux, les pâtisseries, le chocolat et les bonbons, les biscuits et les barres de céréales, les beignets et les muffins, la crème glacée et les desserts glacés, les frites, les croustilles, les nachos et d’autres collations salées. Consommez ces aliments occasionnellement plutôt que tous les jours.
- L’eau est une option de boisson sans calories pour s’hydrater et étancher sa soif.
- Il est aussi possible de boire des boissons sucrées. Pour réduire la teneur en calories de ces boissons :
- Mélangez les boissons gazeuses sucrées avec du club soda ou de l’eau minérale.
- Ajouter des quartiers de citron ou de petites quantités de jus de fruits 100 % à de l’eau pour changer les saveurs.
- Les sucres et les graisses dans les cafés et les thés froids et chauds préparés ajoutent des calories; choisir un café ou un thé nature et y ajouter du lait et/ou une petite quantité de sucre selon les goûts de la personne peut réduire le nombre de calories pour la journée.
Il est encouragé de discuter avec un médecin ou un diététiste, car ces professionnels peuvent aider à préparer un plan personnalisé visant à évaluer et aborder les causes fondamentales de l’obésité et offrir du soutien pour changer le comportement (p.ex. nutrition et exercice) et d’autres stratégies d’intervention (p.ex. soutien psychologique, médicaments, etc.) au besoin. Suivre les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour maximiser les bienfaits de l’activité physique non seulement pour la gestion de l’obésité, mais aussi pour la santé générale. L'activité aérobique (30–60 min) la plupart des jours de la semaine peut entraîner une perte de poids et de graisse, améliorer les facteurs de risque des maladies cardiaques et maintenir son poids après sa perte (1).
Pour plus d'informations, les ressources supplémentaires incluent :
- Infographie - L'équilibre énergétique et le poids corporel
- Fiche renseignements - Effet des sucres contenant du fructose sur les facteurs de risque des maladies métaboliques
- Fiche renseignements – Découvrez la verité sur le sucre : l’Obesité
- Glucides-Info – La verité “ non-toxique” à propos du sucre
- Vidéo – Le sucre fait-il grossir? avec les diététistes Lisa Rutledge et Josée Sovinsky
Articles de nouvelles récentes comprennent :
Références
1. L’obésité chez l’adulte : Lignes directrice de pratique clinique. Obésité Canada. https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/chapitre/
2. World Health Organization. (2018). Obesity.
3. Global BMI Mortality Collaboration; Di Angelantonio E et al. Body-mass index and all-cause mortality: Individual-participant-data meta-analysis of 239 prospective studies in four continents. Lancet 2016;388:776-86.
4. World Health Organization. Noncommunicable Diseases: Risk Factors. https://www.who.int/gho/ncd/risk_factors/bmi_text/en/
5. World Health Organization. Overweight and Obesity. https://www.who.int/en/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight
6. Centers for Disease Control and Prevention. 2018. Adult Obesity Causes and Consequences.
7. Te Morenga L et al. Dietary sugars and body weight: systematic review and meta-analyses of randomised controlled trials and cohort studies. BMJ. 2013;346:e7492.
8. Rippe JM and Angelopoulos TJ. Relationship between added sugars consumption and chronic disease risk factors: current understanding. Nutrients. 2016;8(11):697.
9. Khan TA and Sievenpiper JL. Controversies about sugars: Results from systematic reviews and meta-analyses on obesity, cardiometabolic disease and diabetes. EJCN. 2016;55(2):25-43.
10. Ma J et al. Sugar-sweetened beverage consumption is associated with change of visceral adipose tissue over 6 years of follow-up. Circulation. 2016;115.
11. Malik VS et al. Sugar-sweetened beverages and weight gain in children and adults: a systematic review and meta-analysis. AJCN. 2013;98(4):1084-102.
12. Hu FB. Resolved: there is sufficient scientific evidence that decreasing sugar-sweetened beverage consumption will reduce the prevalence of obesity and obesity-related diseases. Obes Rev. 2013 Aug;14(8):606-19.
13. Kaiser KA et al. Will reducing sugar‐sweetened beverage consumption reduce obesity? Evidence supporting conjecture is strong, but evidence when testing effect is weak. Obesity Reviews. 2013;14(8):620-33.
14. Trumbo PR, Rivers CR. Systematic review of the evidence for an association between sugar-sweetened beverage consumption and risk of obesity. Nutrition Reviews. 2014;72(9):566-74.
15. Statistique Canada. 2015. La composition du régime alimentaire et l'obésité chez les Canadiens adultes.
16. Agence de la santé publique du Canada. Obésité au Canada. 20 juin, 2011
Wang Y et al. Canadian Adults with Moderate Intakes of Total Sugars have Greater Intakes of Fibre and Key Micronutrients: Results from the Canadian Community Health Survey 2015 Public Use Microdata File. Nutrients. 2020; 12(4)-1124.
18. Neeland IJ et al; International Atherosclerosis Society; International Chair on Cardiometabolic Risk Working Group on Visceral Obesity. Visceral and ectopic fat, atherosclerosis, and cardiometabolic disease: a position statement. Lancet Diabetes Endocrinol. 2019 Sep;7(9):715-725.
19. Grundy SM, Cleeman JI, Daniels SR, et al. Diagnosis and management of the metabolic syndrome: an American Heart Association/National Heart, Lung, and Blood Institute Scientific Statement. Circulation. 2005;112:2735-52.
20. International Diabetes Federation. The IDF consensus worldwide definition of metabolic syndrome. Brussels. 2006.
21. World Health Organization. Definition, Diagnosis, and Classification of Diabetes Mellitus and its Complications: Report of a WHO Consultation. Part I: Diagnosis and Classification of Diabetes Mellitus. Geneva: World Health Organization. 1999.