*Le contenu a été examiné par le Dr Donna Vine (Science de l'agriculture, de l'alimentation et de la nutrition, Université d'Alberta)
Le terme « maladies cardiovasculaires » (MCV) est généralement utilisé pour décrire un certain nombre de maladies touchant l’appareil circulatoire, y compris le cœur, les vaisseaux sanguins dans les poumons, le cerveau, les reins ou d’autres parties du corps. Ces maladies comprennent les maladies vasculaires périphériques, les maladies coronariennes, les maladies cardiovasculaires athérosclérotiques, et les maladies vasculaires ischémiques. Une maladie cardiovasculaire ischémique survient lorsqu'un vaisseau sanguin est bloqué et que le flux sanguin est compris, ce qui entraîne un infarctus, tel qu'un infarctus du myocarde ou une crise cardiaque, et un infarctus du cerveau ou un accident vasculaire cérébral. Les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires ischémiques sont l'une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde et au Canada (1, 2).
- Le développement des maladies cardiovasculaires. Le développement des MCV dépendent de nombreux facteurs de risque, y compris les facteurs modifiables et non.
- Recommandations en matière d’alimentation et de mode de vie. Une consommation excessive de calories provenant des glucides, de graisses ou d’autres macronutriments, ou encore le fait de consommer trop de sodium, peut influencer les facteurs de risque des MCV.
- Les sucres et les MCV. Les examens des preuves existantes suggèrent que c’est la consommation excessive de calories, plutôt que la consommation de sucre en soi qui influence les facteurs de risque des MCV.
- Le fructose et les MCV. Les études scientifiques dans lesquelles le fructose est retiré et remplacé par d’autres glucides dans un régime alimentaire démontrent qu’il n’y a aucun effet sur les facteurs de risque de MCV.
Le développement des maladies cardiovasculaires dépend de nombreux facteurs de risque
Le développement des MCV dépend de certains facteurs de risque qui ne peuvent pas être contrôlés, tandis que d’autres peuvent être modifiés pour retarder ou prévenir le développement des MCV (voir le tableau ci-dessous).
Facteurs de risque non modifiables (3) | Facteurs de risque modifiables (4) |
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Le maintien d’un poids santé est encouragé. C’est une étape importante permettant de favoriser une bonne santé cardiovasculaire, car de nombreux facteurs entraînent la prise de poids, comme le manque d’exercice et les habitudes alimentaires malsaines.
Récommandations en matière d'alimentation et de mode de vie pour le maintien d'une bonne santé cardiovasculaire
Pour maintenir une bonne santé cardiovasculaire, la Fondation Cœur + AVC du Canada encourage les Canadiens à adopter un régime alimentaire sain, et à équilibrer et contrôler leur consommation de sel et à être actifs physiquement (5). Selon la Fondation, pour que le régime alimentaire soit sain et équilibré, il faut notamment :
- consommer beaucoup de fruits et de légumes;
- choisir plus souvent des aliments à base de grains entiers;
- consommer des aliments fournissant des protéines;
- consommer moins d’aliments transformés ayant une teneur élevée en sucres ajoutés, en sel et en graisses; et
- réduire sa consommation de boissons sucrées.
Les lignes directrices du Journal canadien de cardiologie de 2016, Guidelines for the Management of Dyslipidemia for the Prevention of Cardiovascular Disease in the Adult suggèrent que la combinaison de plusieurs comportements de santé à faible risque est associée aux avantages de la prévention des MCV (6). Ces comportements comprennent :
- avoir et maintenir un poids santé;
- avoir un régime alimentaire sain;
- faire des activités physiques régulières;
- arrêter le tabac;
- consommer modérément de l’alcool; et
- dormir suffisamment.
Les sucres et les maladies cardiovasculaires
Des preuves de haute qualité provenant d’essais contrôlés randomisés et non, fournissent les meilleures données disponibles pour évaluer la relation entre la consommation de sucres et le développement des MCV. Cependant, il n’existe aucun essai clinique ayant permis d’évaluer la consommation de sucres et les résultats cliniques des MCV. Ces essais exigent en effet un suivi sur le long terme (plusieurs années) et la plupart des essais cliniques portant sur la nutrition ne durent que quelques semaines. D’autres résultats et les facteurs de risque des MCV sont donc utilisés pour évaluer l’association.
- Un examen systématique et une méta-analyse ont permis de découvrir que pour chaque portion quotidienne supplémentaire de fruits et de légumes, la mortalité par MCV était réduite de 4 % (seuil fixé à 5 portions par jour) (7).
- Un autre examen systématique et une autre méta-analyse ont permis de découvrir qu’une consommation plus élevée de sucres par rapport à une consommation moins élevée était associée à un taux de lipides sanguins modérément plus élevé (triglycérides, cholestérol total, cholestérol LDL et HDL) (8). L’augmentation ou la diminution du poids des participants à ces études est un facteur, bien que les résultats ne soient pas consistants. Une consommation plus élevée par rapport à une consommation moins élevée de sucres n’était pas associée à une pression artérielle systolique, mais à une pression artérielle diastolique légèrement plus élevée (8).
- Une limite à certaines de ces études (comme mentionné ci-dessus) est le fait qu’elles durent moins de 8 semaines; aussi, les résultats à plus long terme ne peuvent être évalués.
Le fructose et les maladies cardiovasculaires
Des examens systématiques et des méta-analyses d’essais contrôlés randomisés (9) ont permis d’examiner tous les documents disponibles. Voici les conclusions :
- Lorsque le fructose est remplacé par d’autres sources de glucides apportant la même quantité totale de calories dans le régime, aucun effet n’est observé dans les marqueurs de risque des MCV. En particulier, il n’y a aucun changement important dans les lipides sanguins (cholestérol LDL, apolipoprotéine B, cholestérol non HDL, cholestérol HDL et cholestérol à jeun ou les niveaux de triglycérides postprandiaux).
- Lorsque du fructose est ajouté dans un régime normal apportant des calories supplémentaires, le risque de MCV augmente sous certains aspects. On observe en particulier des changements dans les lipides sanguins (apolipoprotéine B, cholestérol à jeun et niveaux de triglycérides postprandiaux). Aucun autre changement important n’a été observé sur les autres marqueurs, y compris sur les autres lipides sanguins (cholestérol LDL à jeun, cholestérol HDL et cholestérol non HDL), ou la pression artérielle.
Ces résultats suggèrent que c’est l’apport excessif de calories et non le fructose en particulier qui influence les facteurs de risque des MCV (9).
Un certain nombre d’agences sanitaires internationales ont examiné la littérature scientifique sur les sucres et les MCV. Par exemple, le Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN) au Royaume-Uni déclare dans son Carbohydrates and Health Report (rapport sur les glucides et la santé) qu’il n’existe aucune association entre les sucres et les événements coronariens, la tension artérielle systolique et diastolique, le cholestérol sanguin total à jeun, le cholestérol LDL, le cholestérol HDL ou les triglycérides (10). Cependant, la consommation de sucres est positivement associée à l’apport énergétique, ce qui reflète le rôle des sucres dans l’énergie alimentaire totale. Par conséquent, les sucres ne sont pas associés de manière indépendante aux événements cardiovasculaires ou aux facteurs de risque au-delà de leur contribution calorique.
Références
- The World Health Organization. 2017. The top 10 causes of death.
- Statistics Canada. 2015. The 10 leading causes of death.
- Heart and Stroke. 2018. Heart and Stroke Risk and Prevention.
- Government of Canada. 2009. Minimizing the risks of Cardiovascular Disease.
- Heart and Stroke. 2018. Healthy Eating.
- Anderson TJ et al. 2016 Canadian Cardiovascular Society Guidelines for the Management of Dyslipidemia for the Prevention of Cardiovascular Disease in the Adult. Canadian Journal of Cardiology. 2016;32:1263-1282.
- Wang X et al. Fruit and vegetable consumption and mortality from all causes, cardiovascular disease, and cancer: systematic review and dose-response meta-analysis of prospective cohort studies. BMJ. 2014;349:g4490.
- Te Morenga LA et al. Dietary sugars and cardiometabolic risk: systematic review and meta-analyses of randomized controlled trials of the effects on blood pressure and lipids–. AJCN. 2014;100(1):65-79.
- Khan TA and Sievenpiper JL. Controversies about sugars: results from systematic reviews and meta-analyses on obesity, cardiometabolic disease and diabetes. Eur J Nutr. 2016;55:25-43.
- Public Health England Scientific Advisory Committee on Nutrition. 2015. SACN Carbohydrates and Health Report.