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Janvier 7, 2013 - Carbohydrate Nutrition News

Le sucre N’EST PAS toxique : Points de vue scientifiques sur une hypothèse non fondée

Robert Lustig, un endocrinologue pédiatre de l’université de Californie, a attiré l’attention des médias et du public en faisant connaître son point de vue controversé selon lequel le sucre (ou plus précisément le fructose) est « toxique » et cause l’obésité et d’autres maladies chroniques graves. On le connaît surtout pour sa présentation faite dans YouTube en mai 2009 (1) et pour son « commentaire » publié dans le magazine Nature, « The toxic truth about sugar » (2). Il prétend que la consommation de fructose venant des sucres est trop grande et que comme l’alcool, ceci a un effet toxique sur le foie et peut causer des problèmes de santé. Ses points de vue radicaux ainsi que ceux dans son nouveau livre, « Fat Chance: beating the odds against sugar, processed food, obesity and disease », ne reposent pas sur des preuves scientifiques bien fondées en ce qui concerne la consommation de sucre et la santé. Ces opinions n’ont pas fait l’objet d’une évaluation par des pairs, contrairement au processus normal de révision lorsqu’on publie un article dans des magazines scientifiques. Il a plutôt décidé de baser son hypothèse fausse sur des renseignements erronés et une mauvaise interprétation des données, qui sont souvent utilisées hors contexte (1 3).

Voici un résumé des preuves scientifiques examinées par des pairs en rapport à certains de ses points de vue controversés :

La consommation de sucre en Occident est restée stable ou a même baissé. Des données publiées venant d’enquêtes nationales sur l’alimentation ont montré qu’aux États-Unis (où vit M. Lustig), la consommation de sucre a diminué de 23 % entre 1999 et 2008 (4). Cette tendance à la baisse a aussi été remarquée au Royaume-Uni et en Australie où la consommation a diminué depuis 25 ans (5-7). M. Lustig n’explique pas que les données qu’il cite sont des valeurs de l’approvisionnement en sucre dans les marchés mondiaux, et ne correspondent pas à la consommation réelle faite par les gens (8). Ces données surestiment beaucoup la consommation réelle de sucre puisqu’elles ne comptent pas le gaspillage dans les magasins de détail, les établissements et les ménages. L’augmentation de la disponibilité de sucre dans le monde au cours des 50 dernières années reflète la croissance et le développement de la population mondiale. Utiliser les données comme le fait M. Lustig, pour dire que la consommation a triplé au cours des 50 dernières années est non seulement incorrect, mais aussi trompeur. En fait, sur le plan individuel, la disponibilité absolue et relative (% d’énergie) de sucres raffinés est restée relativement stable pendant une période où la disponibilité d’énergie venant des aliments et a connu une hausse régulière (8,9). Au Canada, la consommation de sucres raffinés a diminué au cours des 4 dernières décennies (10) et la consommation des sucres totaux ajoutés est considérée comme stable ou légèrement en baisse en tant que pourcentage de calories totales (11).

Le sucre ne cause pas d’effets négatifs sur la santé quand on tient compte de la quantité consommée par la population générale. Toutes les preuves scientifiques indiquent que le sucre n’a pas d‘effet négatif sur le comportement, le cancer, les risques d’obésité ou les maladies du cœur (12-16). Même pour ce qui est des caries, les preuves montrent que c’est la fréquence de consommation de tous les glucides fermentescibles qui est le vrai problème, et pas la quantité absolue de sucre consommée. Certains comités d’experts importants, comme l’Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, l’organisme responsable de la salubrité des aliments en Europe, et l’Institute of Medicine aux États-Unis ont examiné tous les points soulignés par M. Lustig et ses collègues à plusieurs occasions, et ont tous conclu que rien ne prouve qu’il y ait des problèmes de santé en ce qui concerne les niveaux actuels de consommation du sucre (12-16).

La consommation de sucre n’est pas la cause du taux d’obésité en hausse. Les données scientifiques actuelles ne viennent pas soutenir le point de vue selon lequel les sucres ont plus tendance à contribuer au gain de poids que les autres sources de calories (17). Le rapport sur les apports nutritionnels de référence (ANREF) au Canada et aux États-Unis (14), qui est le fondement des recommandations sur la nutrition au Canada, n’a pas trouvé de « no clear and consistent association between increased intake of added sugars and body mass index (BMI) ». En fait, la consommation plus grande de sucre a un lien avec des poids moins élevés (17). Les tendances de consommation de sucres en relation avec les taux d’obésité au Canada soutiennent cette corrélation inverse (10,18,19). L’analyse des données de l’enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes a montré que la consommation totale d’énergie augmente beaucoup les chances de devenir obèse pour les hommes et les femmes, mais que la composition de leur alimentation, c’est-à-dire les pourcentages relatifs de glucides, de protéines et de matières grasses ne sont pas un facteur (20). Ces observations correspondent avec l’analyse critique de nombreuses études de grande qualité, qui n’ont pas trouvé de lien entre la consommation de sucre et l’obésité (17). L’obésité est un problème complexe qui inclut plusieurs facteurs y compris, mais sans s’y limiter, la trop grande consommation de calories totales et l’inactivité physique.

Les sucres et aliments contenant du sucre ne causent pas de dépendance. Un examen récent des études sur la dépendance causée par les aliments n’a pas trouvé de preuve concluante selon laquelle les aliments puissent « causer une dépendance », parce que les aliments ne possèdent pas les critères des produits causant la dépendance comme la tolérance, le sevrage et l’intoxication (21). Même si le goût sucré du sucre est agréable, les études ne trouvent pas que le sucre puisse augmenter l’envie de manger certains aliments, et le sucre ne cause pas la dépendance physique qu’entraînent les substances causant la dépendance (22,23). Le manque de preuves scientifiques crédibles pour dire que le sucre cause la dépendance se trouve dans les résultats d’un examen complet sur la dépendance causée par le sucre, qui conclut ceci : « there is no support from the human literature for the hypothesis that sucrose may be physically addictive” et “on no occasion was the behaviour predicted by an animal model of sucrose addiction supported by human studies ». (22).

Le point de vue selon lequel le fructose a des effets toxiques sur le sucre n’a pas été prouvé dans la plupart des études scientifiques crédibles. Les résultats d’études faites auprès d’animaux et des humains disent que la consommation trop élevée de fructose ne reflète pas le rôle du fructose dans l’alimentation et le métabolisme normaux. C’est seulement lorsque l’énergie en trop vient du fructose à des niveaux très élevés de consommation que l’on constate une hausse du poids et d’autres effets anormaux sur la santé (24). Le fructose ne cause pas de changements biologiques importants tel qu’il est consommé par la population générale, même si les niveaux de consommation approchent du 95e percentile de la consommation (25). La trop grande consommation d’une source d’énergie entraîne une hausse du poids et des changements métaboliques, et le fructose ne fait pas exception à cet égard.

Critiques des autres professionnels de la santé et d’associations

Un certain nombre de professionnels de la santé et d’associations ont réagi aux informations trompeuses dans l’article, « The toxic truth about sugar ». Ceci cromprend des commentaires par The British Nutrition FoundationThe Dietitians Association of AustraliaThe Australian Diabetes Council. Plusieurs messages sur le sujet ont été publiés dans la revue Nature en réponse du commentaire, y compris une réponse canadienne par John L Sievenpiper, Russell J de Souza et David J.A. Jenkins (St. Michael’s Hospital, Toronto, Ontario) (26).

British Nutrition Foundation: "Sugar is a source of energy in our diet and it is certainly not 'toxic' in the amounts on average consumed in the UK and other European countries... Overall, the commentary by Lustig and colleagues, published in Nature, does not reflect the current state of evidence around sugar and its association with chronic disease, as shown in some recent major systematic reviews." See: Facts behind the headlines - Is sugar really toxic?

Dietitians Association of Australia: "The Dietitians Association of Australia (DAA) believes it is simplistic and unhelpful to blame sugar alone for rising rates of obesity and other related health problems across the world. Labelling sugar as 'toxic' and 'addictive' and placing it in the same boat as alcohol is incorrect and misleading." Also see: DAA - sugar and obesityDAA - letter to media.

Australian Diabetes Council: "This commentary is a provocative piece intended to encourage debate...'Sugar' is not the issue, it is far more complicated than that. The average Australian can do a lot to improve their diet, but casting sugar as the ultimate villain and calling for regulation is misleading, unfounded and unnecessary." Also see: Australian Diabetes Council's position on sugar - Australian Diabetes Council calls for balanced eating, not fad diets.

The term ‘sugars’ includes all naturally occurring and added sugars, such as sucrose, glucose, fructose and lactose. All sugars contribute 4 Calories per gram, the same as all carbohydrates. Sucrose, glucose and fructose all occur naturally in fruits and vegetables and are added to foods in various forms. The term, sugar, most commonly refers to sucrose, which contains equal parts of glucose and fructose joined together. Sucrose is most abundant in sugar cane and sugar beet but is also the main sugar in maple syrup. High fructose corn syrup is made from corn starch and contains a mixture of the individual sugars glucose and fructose, usually 42% glucose, 55% fructose and 3% other sugars. Other sources of fructose in the diet include honey and agave nectar.

 
References:
  1. Lustig, R. H. Sugar: The Bitter Truth. UCSF Mini Medical School for the Public 7/2009, Health and Medicine, Show ID: 16717. 2009.
  2. Lustig RH, Schmidt LA, Brindis CD. Public health: The toxic truth about sugar. Nature 2012;482:27-9.
  3. Lustig RH. Fat Chance: Beating the Odds Against Sugar, Processed Food, Obesity and Disease. USA: Hudson Street Press, 2012.
  4. Welsh JA, Sharma AJ, Grellinger L, Vos MB. Consumption of added sugars is decreasing in the United States. Am J Clin Nutr 2011.
  5. Gregory J, Foster K, Tyler H, Wiseman M. The Dietary and Nutritional Survey of British Adults (1986-87). Her Majesty's Stationery Office, London 1990.
  6. Department of Health. National Diet and Nutrition Survey: Headline results from Years 1,2 and 3 (combined) of the rolling programme 2008 - 2011. UK 2012.
  7. Barclay AW, Brand-Miller J. The Australian Paradox: A Substantial Decline in Sugars Intake over the Same Timeframe that Overweight and Obesity Have Increased. Nutrients 2011;3:491-504.
  8. FAOSTAT. Food and Agriculture Organization. http://faostat.fao.org 2012.
  9. United Nations Population Fund. State of World Population 2011. UNFPA, New York 2011.
  10. Statistics Canada. Food Statistics. 2012.
  11. Canadian Sugar Institute. Estimated Intakes of Added Sugars in Canada and Relationship to Trends in Body Weight. Carbohydrate News 2011.
  12. European Food Safety Authority. Scientific Opinion on dietary reference values for carbohydrates and dietary fibre. The EFSA Journal 2010;8:1462
  13. World Health Organization and Food and Agriculture Organization. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases. Report of a Joint FAO/WHO Expert Consultation. WHO Technical Report Series 916. WHO Geneva, Switzerland 2003.
  14. Institute of Medicine. Dietary Reference Intakes (DRI) for Energy, Carbohydrate, Fiber, Fat, Fatty Acids, Cholesterol, Protein, and Amino Acids. Washington, D.C.: The National Academies Press, 2005.
  15. Food and Agriculture Organization. Report of a Joint FAO/WHO Expert Consultation. Carbohydrates in Human Nutrition. FAO Food and Nutrition Paper No 66, 1998.
  16. Department of Health. Dietary Sugars and Human Disease. Committee on Medical Aspects of Food Policy. Report on Health and Social Subjects. Her Majesty's Stationery Office. 37. 1989. London.
  17. Ruxton CH, Gardner EJ, McNulty HM. Is sugar consumption detrimental to health? A review of the evidence 1995-2006. Crit Rev Food Sci Nutr 2010;50:1-19.
  18. Health Canada. Canadian Community Health Survey, Cycle 2.2, Nutrition. 2004.
  19. Statistics Canada. National Population Health Survey. 1994-1999.
  20. Langlois K, Garriguet D, Findlay L. Diet composition and obesity among Canadian adults. Health Rep 2009;20:11-20.
  21. Ziauddeen H, Fletcher PC. Is food addiction a valid and useful concept? Obes Rev 2012.
  22. Benton D. The plausibility of sugar addiction and its role in obesity and eating disorders. Clin Nutr 2010;29:288-303.
  23. World Health Organization. Neuroscience of psychoactive substance use and dependence. WHO Geneva, Switzerland 2004.
  24. Sievenpiper JL, de Souza RJ, Mirrahimi A et al. Effect of Fructose on Body Weight in Controlled Feeding Trials: A Systematic Review and Meta-analysis. Ann Intern Med 2012;156:291-304.
  25. Dolan LC, Potter SM, Burdock GA. Evidence-based review on the effect of normal dietary consumption of fructose on development of hyperlipidemia and obesity in healthy, normal weight individuals. Crit Rev Food Sci Nutr 2010;50:53-84.
  26. Sievenpiper JL, de Souza RJ, Jenkins DJ. Sugar: fruit fructose is still healthy. Nature 2012;482:470.